Agression sexuelle et attouchements sur une personne mineure de moins de 16 ans: voilà de quoi sera accusé celui qui fut maire de Montréal-Nord de novembre 2009 jusqu’au début de ce mois, Gilles Deguire.
Selon Radio-Canada, qui a mis la main sur le mandat d’arrestation, les faits à caractère sexuel reprochés à M. Deguire se seraient déroulés à l’intérieur d’une période d’environ deux ans, soit du 1er décembre 2013 au 23 octobre 2015. M. Deguire serait présentement en liberté.
Aucune date n’a encore été annoncée quant aux audiences judiciaires à venir dans ce dossier. Si l’ex-maire choisissait de plaider coupable, aucun procès n’aurait lieu, ce qui éviterait à la victime de devoir témoigner de ce qu’elle a vécu et limiterait la médiatisation du dossier. Cette étape vers une condamnation de la personne accusée fut d’ailleurs citée de nombreuses fois comme un incitatif à ne pas porter plainte lorsque le mouvement #AgressionNonDénoncée vit le jour et prit de l’ampleur.
Chantal Rossi, conseillère municipale dans Marie-Clarac qui a pris la relève à titre de mairesse suppléante, disait de M. Deguire lors de sa démission que, malgré le choc et les éventuels déboires judiciaires, il resterait un très bon ami. Elle se dit aujourd’hui aterrée et bouleversée. «En tant que maman et grand-maman, ce sont des choses très désagréables à entendre. Je ne peux pas cautionner ces faits, je suis choquée, consternée»
Un autre policier?
Ancien policier, M. Deguire a porté l’uniforme du SPVM durant 30 ans. Six de ces tours de calendrier furent au sein de Police-jeunesse de Montréal-Nord, alors qu’il oeuvrait à titre d’enquêteur en charge du dossier des agressions sexuelles.
Sur Facebook, l’équipe du collectif «Je suis indestructible» a d’ailleurs mis l’emphase sur cette portion du curriculum vitae de l’accusé. «Que faire lorsque les agresseurs se retrouvent au sein même des corps policiers? Peut-on blâmer les survivant.es de ne pas vouloir porter plainte lorsque nous apprenons des nouvelles comme celles-ci?», questionnent ses membres.
Ces derniers mois, les projecteurs se sont en effet braqués sur d’autres cas de délits sexuels impliquant des membres des forces de l’ordre. En août 2014, un sergent du SPVM, Mario Michel, était arrêté et accusé d’agression sexuelle sur son ex-conjointe. M. Michel conserva ses fonctions à ce moment-là et le dossier est toujours en cours. Le 15 octobre dernier, Benjamin Pelletier, ex-policier de Lévis, reçut sa sentence après avoir plaidé coupable en 2014 à une accusation d’agression sexuelle sur une mineure. Une semaine plus tard, un reportage de l’émission Enquête tendit le micro à des femmes autochtones de la région de Val d’Or qui racontèrent des sévices sexuels commis par des agents de la Sûreté du Québec. «Les agressions sexuelles s’inscrivent dans un rapport de pouvoir où l’agresseur occupe bien souvent une position d’autorité», rappelait alors Nathalie Duhamel, coordonnatrice du Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel.
Sources: Radio-Canada, Le Devoir, La Presse, Le Soleil, Le Guide, RQCALACS, TVA Nouvelles