Crédit photo:Marco Simonsen-Sereda, 99%Média
Depuis plusieurs années, les Autochtones vivant au Canada s’inquiètent et sonnent l’alarme sur la situation des femmes autochtones disparues et assassinées. L’AFAC (Association des femmes autochtones du Canada) a mené de nombreuses recherches, pendant plusieurs années pour essayer de documenter cette situation. Si elles avaient réussi à documenter environ 582 cas de femmes autochtones et assassinées en date du 31 mars 2010, depuis les 30 dernières années environ, la Gendarmerie royale du Canada, de son côté, dévoilait en mai dernier, dans un rapport rendu public, que ”1017 femmes et fillettes autochtones ont été tuées entre 1980 et 2012, un taux d’homicide au moins 4 fois supérieur à celui de toutes les autres femmes. 46 meurtres de femmes autochtones ont été répertoriés au Québec. Le rapport identifie également 164 cas non résolus de femmes ou de filles autochtones disparues depuis au moins 30 jours” (Amnistie Internationale, 2014).
Il ne faut pas négliger non plus le fait que certains cas ne sont peut-être pas encore répertoriés et que depuis, d’autres disparitions et meurtres se sont ajoutés (par exemple, le meurtre de Tina Fontaine, 15 ans, retrouvée à la mi-août 2014, en Saskatchewan, dans un sac de plastique au fond de la Rivière Rouge). Ces disparitions et ces meurtres ne sont pas sans conséquences. Selon l’AFAC, ”dans les cas pour lesquels cette information (de la disparition et/ou de la mort) est connue, la grande majorité des femmes représentées dans la base de données de l’AFAC (88 %) étaient mères. L’AFAC estime que plus de 440 enfants ont subi les répercussions de la disparition ou du meurtre de leur mère” (Fiche d’information: Femmes et filles autochtones disparues ou assassinées de l’AFAC).
Si les Conservateurs n’ont pas encore dit oui à la demande d’une enquête publique réclamée par plusieurs provinces et organismes, on peut déjà constater que de nombreux obstacles peuvent se dresser quand une disparition de femme ou de jeune femme autochtone survient. Comme en témoigne la mère de Maisy Odjick, disparue en 2008 avec son amie Shannon Alexander (et qui n’ont jamais été retrouvées depuis), et qui a accepté de donner une entrevue à La Presse, récemment: ”la GRC a mis six mois avant d’ajouter les photos des deux adolescentes à sa liste des personnes disparues, et la famille de Maisy a dû faire une collecte de fonds pour offrir une récompense. (…) Sans compter que les dossiers des deux adolescentes ont longtemps été traités séparément: celui de Maisy par la police de Kitigan Zibi et celui de Shannon, qui habitait Maniwaki, par la Sûreté du Québec. «Je me souviens de l’histoire d’un petit garçon blanc qui était disparu de chez lui. Il y avait eu un tel ralliement autour de sa famille… J’aurais aimé avoir la même chose. Mais nous avons été ignorés» (La presse, 2014)
S’il n’est jamais bon de faire de la généralisation, il faut tout de même reconnaître que les faits sont troublants et que les familles, déjà durement éprouvées par ces meurtres ou ces disparitions, méritent d’avoir de l’aide. C’est pour cette raison qu’un espace spécifique aux femmes et aux jeunes filles autochtones disparues est créé à 99% média et nous espérons de tout coeur qu’il puisse contribuer à aider ces familles à savoir ce qui est arrivé à leurs proches ou les retrouver.
Sources:
-Association des Femmes Autochtones du Canada, ”Fiche d’information: femmes et filles autochtones disparues et assassinées”: http://www.nwac.ca/files/download/NWAC_3D_Toolkit_f.pdf
-Duchaîne Gabrielle, ”Disparition de femmes autochtones: «nous avons été ignorés», paru dans La Presse, le 28 août 2014: http://www.lapresse.ca/actualites/national/201408/28/01-4795230-disparition-de-femmes-autochtones-nous-avons-ete-ignores.php
-Amnistie Internationale, ”Rapport de la GRC sur les femmes autochtones assassinées et disparues: le gouvernement du Québec doit agir”, communiqué paru le 16 mai 2014: http://amnistie.ca/sinformer/communiques/local/2014/canada/rapport-grc-femmes-autochtones-assassinees-disparues
En savoir plus sur le meurtre de Tina Fontaine: http://ici.radio-canada.ca/regions/saskatchewan/2014/08/25/005-brad-wall-femmes-enquete-publique.shtml
Combien de femmes autochtones ont été kidnappées par un policier, violées par un policier, tuées par un policier (ou une équipe de policiers)? Nous ne le saurons jamais parce que même si il y avait une enquête publique sur les disparitions des femmes autochtones, elle serait menée par des policiers.
Stop violence ce n’est pas une ou des authoctones mais c’est ma soeur, ma cousine, ma fille, ma tante, ma grand-mère, ma mère, ma belle-soeur, mon amie, etc…
On se doit d’être solidaires avec ces femmes mais oui, elles sont Autochtones, elles ont le droit de l’être et d’en être fières, non? 🙂