Je me suis inscrit au congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) qui commence dans deux jours. Sous mon nom, il sera inscrit : « blogueur ». Je ne travaille pas pour une entreprise de presse et je n’ai pas l’ambition de devenir pigiste. La question qui pourrait m’embarrasser si on me la posait lors du congrès serait celle-ci : «François, qu’est-ce que tu fais ici? » Je ne saurais pas quoi répondre. Ce que je peux faire, c’est de publier, en guise de référence, les réflexions qui suivent.
Les faits
Je me souviens avoir pris une position claire sur le journalisme au Québec lorsqu’il a été question de créer un statut de journaliste professionnel. J’étais opposé à cette idée. La FPJQ a flirté un temps avec elle, mais le milieu s’est rebiffé contre la proposition gouvernementale de Christine St-Pierre et ce projet est tombé à l’eau. On peut faire des recherches sur le site du Devoir avec une combinaison des mots clés : « journalisme », « asclépios », « François Genest » pour se faire une idée de mes réflexions et de mes prises de position publiques. En voici quelques exemples :
26 janvier 2011
@ Yvon Bureau
Tout le monde est pour la vertu. Mais en pratique, comment s’assurer que cet ordre protègera véritablement le public? Qui va enquêter sur l’ordre des journalistes dans le cas où il y aurait de l’ingérence ou des abus? La police? Une commission? La question se pose.
Vous voulez une plus grande et plus saine santé des médias. C’est louable. Il y a en ce moment une grande confusion entre information, spin, divertissement et fidélisation. C’est malheureux, mais ce n’est pas quelque chose qui peut se régler en passant une loi et en créant un organisme de supervision.
Dans des cas comme ça, où les enjeux sont troubles, je trouve utile de ramener la réflexion au niveau des êtres humains. Le public est constitué d’êtres humains, les journalistes sont des êtres humains, les chefs d’entreprise sont des êtres humains, et cetera. L’information est essentielle aux activités des êtres humains. Quelle information doit être interdite? L’Histoire démontre que tout système de contrôle de l’information, aussi bien intentionnés en soient les créateurs au départ, mène à la souffrance d’êtres humains.
Si je décide qu’il manque des informations à mes concitoyens pour pouvoir faire des choix éclairés, je revendique le droit de démarrer mon propre journal et de publier des articles. Si quelqu’un vient me dire que je suis dans l’illégalité parce que je n’appartiens pas à l’ordre des journalistes, je vais simplement continuer à le faire. Si on m’interdit de publier, je vais continuer à le faire. Si on me met en prison, je vais continuer à le faire. Autrement dit, de la même façon que j’ai le droit de me présenter à des élections, j’ai le droit de dire ce que je veux. Un point c’est tout.
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28 avril 2011
Voilà une information importante
Le problème a des racines profondes. On voit bien ce que donne la désinformation érigée en système aux États-Unis. L’erreur commune est de pointer du doigt les journalistes. Et la solution habituellement proposée est la création d’un statut professionnel pour eux.
Réfléchissons un peu et imaginons ce que donnerait l’existence d’un statut professionnel pour les journalistes dans ce cas-ci. L’organisme supervisant ceux-ci pourrait retirer le statut des journalistes qui se sont fait avoir. Leur employeur, pour protéger son image, limogerait ses employés sans statut. Ces derniers poursuivraient leur employeur et leur organisme professionnel. Lorsque tout aura été réglé, il se sera passé beaucoup de temps et la crédibilité de toute la profession aura été entachée.
En réalité, dans ce cas-ci, M. Péladeau a fait le bon choix de dénoncer la source plutôt que de s’en prendre aux messagers, mais on ne peut pas espérer que ça se passe toujours de cette façon.
À méditer.
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16 juillet 2011
Liberté d’entreprise vs mémoire collective?
Je ne sais pas ce qui s’est passé et je compte bien entendre un jour le récit de la saga Rue Frontenac. En attendant, je me permets d’observer les deux visions du journalisme qui s’affrontent:
D’un côté, j’entends un discours selon lequel l’information appartient à celui qui supervise la diffusion. Ceci est justifié par le fait que le diffuseur assume les risques financiers liés à l’exploitation du medium. Son nom et sa personnalité juridique sont garants de la qualité de l’information. Ainsi, il doit disposer comme il veut de l’information qui lui est soumise afin d’assurer la pérennité du medium. Dans cette vision, le journaliste est un professionnel qui procure un service au diffuseur.
De l’autre, j’entends un discours selon lequel l’information appartient à la collectivité. Ainsi, le journaliste et le diffuseur, ensemble, remplissent un rôle social aussi important que le législateur, le juge ou le chef d’État. Dans cette vision, le journaliste est le gardien de la qualité de l’information.
Les deux discours ne sont pas nécessairement incompatibles.
Dans le cas précis de Rue Frontenac, il me paraît évident que les archives appartiennent à tous les Québécois.
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Je n’ai pas seulement utilisé la tribune des commentaires au Devoir pour parler de journalisme, on peut aussi consulter mon blogue personnel :
Sur le statut de journaliste
http://atenacite.blogspot.ca/2011/09/memoire-presente-madame-la-ministre.html
http://atenacite.blogspot.ca/2011/09/memoire-presente-madame-la-ministre_23.html
http://atenacite.blogspot.ca/2011/09/memoire-de-francois-genest-soumis-dans.html
Sur les rapports entre journalistes et activistes
http://atenacite.blogspot.ca/2012/08/on-coupe-des-arbres-sur-le-mont-royal.html
Ma curiosité
La curiosité est un de mes traits de caractère et je m’intéresse à la vérité. Comme j’ai réalisé plusieurs fois que je pouvais me tromper sur des points fondamentaux, cette curiosité est tempérée par une attitude sceptique. J’ai le souci de ne pas porter de jugements sur la base de raisonnements erronés et je suis conscient que ça peut être perçu comme de la naïveté. Sans en faire un récit, je peux dire que je me suis impliqué personnellement en théâtre, en recherche scientifique, en bénévolat, en activisme. Mon intérêt pour le journalisme m’a poussé à publier des textes et à couvrir des événements. Ce n’est donc pas surprenant que j’aille à la rencontre du milieu des journalistes professionnels cette fin de semaine.
Mon assurance
Oui, mais pourquoi le faire? Est-ce que je peux répondre que j’en ai envie et que je me fais confiance? En tout cas, moi, je ne me fous pas des milieux que je ne connais pas.