Au lieu de disparaître officiellement, les auteurs sont virés [1], alors quel avenir pour cette émission qui voit ses auteurs être virés? Le flou est encore présent, certains humoristes ont été contactés pour prendre le relai notamment Gad Elmaleh et Florence Forest [2].
Mais ce n’est pas tout. En plus de diffuser cette émission qui tournait en ridicule bien des personnalités connues, Canal + diffuse aussi une émission d’investigation qui veut mettre au jour et exposer au publique des magouilles et escroqueries trop souvent cachés. Hors, cette émission devait diffuser une enquête sur des activités frauduleuses du groupe bancaire Crédit Mutuel-CIC, entreprise qui selon Médiapart, aurait plusieurs lien avec le groupe Vivandi [3].
Là où ça devient intéressant, c’est que le Président du conseil de surveillance de Vivandi, c’est Vincent Bolloré, le propriétaire de Canal +, et bien d’autres compagnies dont il a fait l’acquisition ou dont il détient de grandes parts.
Autre fait intéressant: KM, compagnie faisant affaire avec Canal+, dont le rédacteur en chef Jean-Pierre Cane et fut le co-réalisateur de l’enquête censurée, a vu son producteur, Renaud Le Van Kim être poussé vers la porte de sortie [4]. Ce dernier voulait une diffusion d’enquête spéciale pour son émission Le Grand Journal [5]. Cela aurait-il déplu à Bolloré? Difficile à dire : Jean-Pierre Canet ne critique pas le choix de Vincent Bolloré. “N’importe qui a le droit de supprimer une émission qui lui appartient“, dit -t-il. “Mais la manière et le timing sont inacceptables” [5].
Le reportage sera malgré tout diffusé, mais le sera sur France 3 affirme un des co-réalisateurs, Geoffrey Livolsi [6]. Cette forme de ce que nous pourrions appeler de la censure ne peut qu’inquiéter les journalistes d’investigation exposant au publique ce qui se passe dans les sphères politiques et économiques.
Ce n’est pas la première fois que Bolloré s’empêtre dans des échauffourée avec les médias. D’après le Canard Enchaîné, Le Monde aurait publié deux articles ne plaisant pas à Bolloré, résultat, celui-ci demande au groupe publicitaire Havas, dont Bolloré est lui-même propriétaire, de retirer leurs publicités, privant le journal de 3,2 millions d’euros en 2014 et de 4 millions d’euros en 2015 [7].
Bolloré n’a pas d’yeux que pour la France. Denis Coderre, maire de Montréal a rencontré deux fois les représentants de l’entreprise de Bolloré pour l’importation de voitures libre-service à Montréal malgré les avertissements du Commissaire au lobbyisme. C’est en mai 2014 que la première rencontre aurait eu lieu et c’est seulement 6 mois après que l’information a été rendue publique. N’étant pas inscrites au Registre des lobbyistes comme cela devrait être le cas, ces visites ont valu de vives critiques au conseil municipales [8]. Entre la rencontre et la publication de l’information, une deuxième rencontre s’est faite. Cette fois-ci, l’organisme Montréal Internationale était impliquée [8].
Projet Montréal craint que des entreprises qui ont déjà des véhicules électriques à Montréal, comme Communauto, soient écartées au terme du processus en cours pour favoriser l’entreprise française Bolloré, qui est déjà bien implantée à Paris, et avec laquelle le maire Coderre a déjà eu des discussions.
« Dans ce cas-là, on sait que les coûts vont grimper pour les consommateurs. Le coût de l’utilisation des véhicules en libre usage à Paris est le double de ce qu’il est ici », a commenté, Alex Norris, porte-parole du parti en matière de gouvernance et de transparence.
[9]
Le Commissaire au lobbyisme n’est pas le seul a avoir le groupe Bolloré dans sa mire, des paysans cambodgiens attaquent le groupe Bolloré en justice [10].
Dans L’Humanité, on pouvait lire le 30 juillet 2015:
Une cinquantaine de paysans cambodgiens estime que leurs droits ont été piétinés par Bolloré qui développe la culture de l’hévéa sur la commune de Bousra à l’est du pays. […] Pour développer cette production agro-industrielle, une co-entreprise franco-cambodgienne a été créée et porte le nom de « Socfin-KCD ». Elle est née avec l’accord du gouvernement cambodgien. Outre l’hévéa, cette entreprise produits aussi de l’huile de palme, une des activités en plein développement dans le groupe Bolloré au Cambodge, en Indonésie et dans plusieurs pays africains dont le Cameroun. D’où les «expropriations » et les « déplacements de populations » dont sont victimes les paysans cambodgiens qui demandent des « restitutions de terres » et des « indemnisations », selon leur avocat maître Fiodor Rilov.
Le 5 juin 2015, une manifestation de protestation s’était déjà déroulée devant le siège du groupe Bolloré à la Défense. Il s’agissait cette fois de dénoncer les saccages de la « Socapalm » dont le groupe Bolloré est un des actionnaires et qui exploite au Cameroun 26.000 hectares de palmiers à huile. « Socapalm » est aussi une filiale de « Socfin», firme luxembourgeoise dont Bolloré détient 39% des parts .
Non seulement les activités du groupe Bolloré contribuent aux émissions de CO2, donc au réchauffement climatique, le groupe Bolloré tente de s’accaparer de nombreuses terres agricoles à travers le monde qui nourrissent des populations pour y produire des denrées plus rentables comme l’hévéa et le palmier à huile. La compagnie est présente à partir de 2012 dans 152 pays et emploie 55 000 personnes et se situe donc parmi les 500 plus grandes compagnies du monde [11]. La fortune de la 9e plus grande fortune de France avec 11 milliard d’euros s’est fait grâce aux activités portuaires en Afrique avec le groupe « Bolloré Africa Logistics ».
Bolloré est aussi présent dans le paysage politique français. Fin 2007, Bolloré met à disposition du Président Sarkosy fraîchement élu son jet privé et son yacht pour une visite en Égypte où le président français devait rencontrer une délégation de 200 personnes et le président Hosni Moubarak, réélu successivement en 1987, 1993 et 1999. Ses scores de réélection sont souvent supérieurs à 80 %. La validité de ces élections est discutable, sachant qu’aucun autre concurrent ne s’est présenté, de peur de représailles.
L’industriel a vu sa carrière débuté dès l’âge de 18 ans avec la banque de l’Union européenne industrielle et financière. Ensuite, à l’âge de 23 ans, il devient directeur-adjoint à la Compagnie financière Edmond de Rothschild. Au cour des années suivantes, Bolloré continue à étendre son empire corporatif, devenant une des plus grandes fortunes de France.
Est-ce réellement avec cette compagnie qu’il est préférable d’introduire les voitures électriques libre-services à Montréal?
1. http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2015/07/25/les-auteurs-des-guignols-de-l-info-vires_1353748
2.http://www.non-stop-people.com/actu/tv/gad-elmaleh-refuse-une-somme-astronomique-pour-remplacer-les-guignols-84949
3.http://www.mediapart.fr/journal/france/290715/canal-vincent-bollore-censure-un-documentaire-sur-le-credit-mutuel
4.http://www.jeanmarcmorandini.com/article-340457-canal-renaud-le-van-kim-qui-produisait-depuis-11-ansle-grand-journal-avec-sa-societe-km-pousse-vers-la-sortie-a-demissionne-hier.html
5.http://www.lesinrocks.com/2015/07/30/actualite/lere-bollore-signe-t-elle-la-fin-des-emissions-dinvestigation-sur-canal-11764259/
6.http://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/021235552416-vincent-bollore-aurait-censure-un-documentaire-sur-le-credit-mutuel-sur-canal-1140778.php
7.http://www.lexpress.fr/actualite/medias/bollore-aurait-prive-le-monde-de-plus-de-7-millions-de-recettes-publicitaires_1686732.html
8.http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201502/03/01-4841078-coderre-a-fait-fi-des-avertissements-du-commissaire-au-lobbyisme.php
9.http://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2015/04/14/004-coderre-voitures-electriques.shtml
10.http://www.humanite.fr/des-paysans-cambodgiens-attaquent-le-groupe-bollore-en-justice-580572
11.http://fr.scribd.com/doc/177520214/Vincent-Bollore-un-pre-dateur-si-bien-e-leve#scribd