Une quinzaine de personnes ont répondu hier après-midi à l’appel du groupe Palestiniens et Juifs unis (PAJU). Le groupe reproche à l’épicier d’offrir sur ses tablettes le hummus fabriqué par l’entreprise Sabra, propriété notamment de l’israélienne Strauss Group. La manifestation faisait suite à l’envoi d’une lettre à la direction du supermarché réclamant le retrait du produit, missive qui fut sans réponse. Installées sur le trottoir et brandissant drapeaux, pancarte et banderole, les personnes présentes ont expliqué aux passant(e)s le lien entre Sabra et l’occupation israélienne en Palestine et leur ont suggéré le boycott de ce produit.
«Depuis des années, une partie de l’argent de Strauss Group parraine la brigade Golani, qui est la brigade d’élite de l’armée israélienne», explique William Sloan, avocat et membre du conseil d’administration de PAJU. Rappelant que cette escouade militaire de pointe a participé à de multiples attaques contre la Palestine, dont celle de 2014, ainsi que contre le Liban en 2006, M. Sloan estime qu’elle fut littéralement adoptée par l’entreprise alimentaire israélienne, qui lui fournit régulièrement de la nourriture. L’avocat spécialiste des droits de la personne cite d’ailleurs Ofra Strauss, présidente de l’entreprise familiale, lorsqu’elle disait au magazine Forbes: «Pour nous, les soldats israéliens ne sont pas une armée; les soldats israéliens sont nos enfants. Et lorsque les enfants de ce pays sont dans le besoin, nous sommes là.»
PAJU a l’habitude de ce genre de vigile, elle qui en tient hebdomadairement depuis 15 ans: au coin Peel/René-Lévesque à l’époque où le consulat d’Israël s’y trouvait, puis au coin McGill College/Sainte-Catherine depuis. L’organisation y distribue des tracts dont les renseignements sont essentiellement tirés de la presse israélienne. «Ça veut dire que ça a passé la censure militaire» et ça évite les accusations trop rapides de sources biaisées, selon William Sloan.
La mobilisation entourant le hummus Sabra ne fait que commencer, assure PAJU. Le groupe aura à sa disposition pour la suite des choses des tracts «beaucoup plus sophistiqués» – seule une copie de la lettre envoyée à Métro était distribuée hier – ainsi que de l’équipement de sonorisation. M. Sloan dit espérer que Métro ne plie pas trop rapidement. «On veut que ça dure un an ou deux», confie-t-il, expliquant que ce genre de controverse facilite la mobilisation sur l’ensemble de l’enjeu de l’occupation en Palestine. La situation chez Métro se compare selon lui à celle chez Le Marcheur, sur le Plateau Mont-Royal, il y a cinq ans alors qu’un appel au boycott des chaussures israéliennes vendues sur les tablettes du magasin, puis du magasin entier, fut lancé par PAJU.
Aucune présence policière n’était visible lors du passage de 99%Média; seul un agent de sécurité observait la scène et empêchait d’entrer quiconque lui semblait associé à la manifestation.