S’il fallait choisir un seul problème auquel s’atteler au cours des prochaines années, ce serait évidemment celui des changements climatiques. Hier, l’organisme Équiterre m’a justement appelé pour me demander de l’argent en vue de financer leurs activités de lobbying écologiste auprès des élus. Au retour de la COP21, la célèbre conférence sur le climat, ces mêmes élus étaient déjà prêts à mettre la main à la pâte. On pourrait se demander alors pourquoi c’est si difficile de passer de la parole aux gestes au niveau politique. Mais puisque j’écris cet article pour un site appelé 99%Média, on peut deviner que je fais un lien entre la question environnementale et l’organisation économique et politique. En effet, je suis persuadé qu’on ne peut pas isoler la question environnementale si on souhaite réellement comprendre comment faire face aux changements climatiques. Il faut garder l’œil ouvert. La fiscalité encourage l’évitement quand ce n’est pas carrément l’évasion des impôts. Les programmes sociaux sont malmenés. Les arts et la presse d’ici sont délaissés par nos élites qui leur préfèrent la compagnie des nouveaux riches de Silicon Valley.
Je ne connais pas Brian Myles personnellement, mais je n’aurais pas aimé être à sa place le 5 septembre dernier lors des audiences du « Forum national de consultation sur le projet de politique québécoise de la culture ». J’ai trouvé humiliant pour lui de le voir quémander de l’argent au gouvernement pour soutenir les médias. On pourrait croire que les médias alternatifs comme 99%Média ne sont pas préoccupés par la situation des médias de masse, mais ce serait oublier que les médias alternatifs ne prétendent pas se substituer à eux. Les médias alternatifs reposent essentiellement sur de l’implication bénévole et leurs artisans lisent et consultent les médias de masse, avec un œil critique bien sûr, mais ils en ont besoin pour au moins connaître les faits. Pour ce qui est de la rue, ça va, on y a accès et on a des caméras, mais pour une couverture plus générale, ça prend des journalistes qui sont payés pour le faire.
Peut-on agir au niveau local? Prenons Montréal, par exemple. Il y a une nouvelle administration en place, alors on peut présumer qu’il y aura dans les premiers temps une meilleure écoute de la part des élus. Avec ça en tête, j’ai consulté pour vous le « Guide d’accueil et de référence des élus municipaux 2017 ». On y enseigne que le rôle de représentation d’un élu comprend celui de se tenir au fait des préoccupations des citoyens et d’assurer le suivi de leurs demandes. Quand on suit l’actualité on connaît bien la période de questions à l’Hôtel-de-Ville. Ce n’est pas la seule façon d’interpeller les élus. Par exemple, à Montréal, il y a les conseils d’arrondissements et le Conseil d’agglomération (l’équivalent des MRC). On peut aussi, bien sûr, appeler directement les conseillers municipaux qui, en théorie, retournent leurs appels. À Montréal, si on en a l’énergie, on peut aussi initier une consultation publique. Sur la question des changements climatiques, incidemment, le comité exécutif a confié en 2015 à l’Office de consultation publique de Montréal le mandat de tenir une consultation sur le sujet et de produire un rapport. On peut se demander, par contre, quelles suites concrètes les élus peuvent donner à un tel rapport, une fois qu’il est déposé.
Quand tout est dit, la seule chose sur laquelle les citoyens peuvent vraiment se fier, c’est le caractère public de l’octroi de contrats. Les journalistes le savent, la loi sur l’accès aux documents des organismes publics est peu contraignante. Ce qui reste, c’est la diffusion obligatoire de documents, notamment la liste des contrats de 25 000$ ou plus. Par exemple, aujourd’hui, le Conseil municipal de Montréal doit entériner des contrats de gré à gré d’une valeur totale de 3,13 millions de dollars, avec des firmes privées dont les revenus se chiffrent en milliards de dollars, pour le compte du Service des technologies de l’information. Le budget annuel pour les technologies de l’information, selon le budget 2017, se situe aux alentours de 86 millions de dollars. Avoir les chiffres, c’est une chose, mais pour bien les comprendre, c’est là que les citoyens devraient intervenir et poser des questions aux élus ou, s’ils sont journalistes, fouiller dans la paperasse pour trouver la véritable histoire qui s’y cache.
Si vous avez aimé cet article, sachez que pouvez vous aussi contribuer, ici ou dans d’autres médias alternatifs pour changer le monde. Ce n’est pas la peine de reproduire les façons de faire des médias de masse. Photos, essais, documentaires, bandes dessinées… Le journalisme citoyen ne se taira pas. La révolution ne sera pas subventionnée.