L’épisode printanier marqué par le hurlement des loups et les morsures des louves n’aura peut-être été au final qu’un «stunt» publicitaire. Plus efficace à imprimer des macarons qu’à poursuivre la révolution permanente, P2015 laisse un héritage sombre dans l’histoire des luttes sociales internationales.
Décimons d’emblée une confusion entourant le printemps 2015: le printemps n’a pas eu lieu. Souvenez-vous de la réalité vécue sur le terrain: -30°C en avril, 20°C en mai! Clairement, les stratèges politiques n’étaient pas les mêmes qu’un certain après-midi ensoleillé de mars 2012. À cette époque, l’organisation du mouvement était légitime, le pouvoir était centralisé, le carré rouge facile à découper et l’enjeu de la grève était impossible à détourner…
Mais que dire de ce fameux «nous» revendiqué par P2015? Alors que les associations étudiantes légitimes et reconnues par l’administration de l’UQAM s’efforçaient de respecter tant bien que mal les injonctions votées démocratiquement par le juge, des «commandos masqués» se sont organisés afin d’intimider et de violenter les cours. Et lorsque le recteur légitimement élu par la «communauté uqamienne» fit appel au SPVM pour rectifier la situation, un comité printemps 2015 s’organisa dans le DS afin de boire de la sangria et de danser comme s’il n’y avait plus de lendemain!
Quels gains P2015 nous a-t-il permis d’obtenir? Objectivement, aucun. Subjectivement, il aura permis de ramener à la mode l’animal totem d’Éric Lapointe. Le loup voulait ma peau, heureusement tu changes tout… Le dieu «démocratie directe» ne peut pas indéfiniment offrir plus de légitimité au mode représentatif. Bien entendu, la base s’infiltre dans les instances et change le système de l’intérieur; et c’est bien ainsi. Car dans un système où tout le monde voudrait que tout le monde change, il est normal qu’on demande à nos exécutifs d’agir en bon gouvernement et d’être au devant du mouvement. Ce n’est pas donné à n’importe qui de populariser une lutte et de motiver la majorité avec des discours radicalisant comme «levées de cours» ou «grève sociale». C’est le travail des exécutant-e-s d’arriver à penser des slogans plus modérés, mais pas trop bonbon non plus. Souvenons nous de la CLASSE: de jolies faces, des noms simples, mais efficaces. Ainsi, avec un mouvement cohérent, il sera plus facile de cerner les objectifs et de parvenir un jour à dire: «le printemps est fini, nous avons gagné».
Alors que faire cet automne? D’abord, prenons une grande respiration, car l’essoufflement nous guettera tôt ou tard. Ensuite, construisons des liens de solidarité avant de nous lancer tête première. Enfin, envoyons un message clair et unifié au gouvernement: «LIBRE NÉGO».
Quelques épisodes marquants du printemps :
- Cet article: http://esuqam.com/lecons-p2015-pieges-automne/
- L’AFESH survit malgré la campagne de salissage menée par Garda
- La prolocopieuse célèbre le 1er mai en prenant une pause de la vie
- Des étudiant-e-s de l’ESG bloquent la piste cyclable en arborant une bannière «Paye Toute»
- Un policier du SPVM entre à l’université par la fenêtre et frappe un mur
- Les membres du groupe FB-P2015 diffuse du gaz irritant à qui mieux mieux
- L’ASSÉ se dote d’un nouvel exécutif
- L’UQAM se dote de videurs de bars
- Une caméra filme douze profs en train de pratiquer un rite pétro-satanique
- Les socialistes expulsent la lutte féministe de leur campement intellectuel
- Et finalement, disons-nous le sincèrement: le printemps, c’est mieux l’automne!