Le procès de Sandra Cordero s’est ouvert le 16 décembre à la Cour municipale de Montréal. Je ne me considère pas habileté à couvrir les affaires judiciaires en général, alors pour un traitement standard de bonne qualité, je vous invite à lire l’article de Marco Fortier dans Le Devoir. Je choisis ici de présenter des éléments de contexte supplémentaires que les médias traditionnels n’ont pas coutume de fournir.
Je suis arrivé vers 9h30, donc je n’ai pas pu voir la manifestation d’appui qui était programmée pour 8h30. La salle 1.80 était remplie en bonne partie d’amis et de sympathisants de Madame Cordero et les policiers étaient collés les uns sur les autres le long des murs. La Cour a commencé par l’appel du rôle, c’est-à-dire qu’on est passé rapidement à travers une série de dossiers pour déterminer lesquels pourraient procéder dans la journée. Comme les avocats étaient prêts et que tous les témoins étaient présents (2 pour la Couronne, 5 pour la Défense), il a été décidé que le procès de Madame Cordero débuterait dès 14h30. Entre deux, les avocats de la Couronne et ceux de Madame Cordero se sont parlés. C’est généralement à cette étape que les parties peuvent s’entendre pour faire des recommandations conjointes au Juge.
Au retour, ce sont le sergent Bigras et l’agent Tessier qui ont témoigné pour la Couronne. On se rappellera que le 1er mai dernier de nombreuses manifestations ont eu lieu à l’occasion de la journée internationale des travailleurs. Entre autres, cette journée-là, j’avais eu vent d’une occupation des locaux de Québécor par des groupes syndicaux et je m’étais rendu sur place sur l’heure du midi. L’occupation était terminée et les entrées étaient gardées, mais j’ai pu entrer à l’intérieur pour constater qu’il ne restait aucune trace physique de l’intrusion et que les gens ne présentaient aucun malaise apparent suite à cette action. J’avais poursuivi mon chemin jusqu’au 357 de la Commune devant lequel se tenait un rassemblement. Un simple événement Facebook y avait attiré plusieurs centaines de personnes, y compris des groupes syndicaux, et le parc à proximité était plein de manifestants qui se reposaient et mangeaient un casse-croûte. En passant par l’occupation du CÉGEP du Vieux-Montréal, j’avais terminé ma ronde au parc Laurier, où, là aussi, des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour manifester. Comme j’étais fatigué, je suis rentré chez moi et je n’étais pas présent pour la manifestation à laquelle a participé Madame Cordero.
On comprend, d’après le témoignage du sergent Bigras, que l’ordre de rétablir la circulation automobile sur la rue Sainte-Catherine a été communiqué en début de soirée aux différents groupes d’intervention du service de police déployés le long de cette rue. Selon le sergent Bigras, les gens debout dans la rue à l’angle des rues Union et Sainte-Catherine étaient « de différents âges, hommes et femmes » et la foule « ne semblait pas agressive. » Pour ouvrir la voie aux automobiles derrière eux, les policiers sous le commandement du sergent Bigras se sont mis à avancer lentement en encourageant les manifestants à s’éloigner par des « invitations physiques légères », soit des contacts au niveau « des avant-bras et des coudes. » Quelques personnes se sont assises dans la rue, dont Madame Cordero. Du témoignage de l’agent Tessier, on comprend qu’il a dû soulever cette dernière et la pousser pour la faire avancer.
Du côté de la Défense, une seule personne, Peggy Faye, a eu le temps de témoigner. On comprend de son témoignage que l’atmosphère était électrique et qu’il y avait beaucoup de stimulations visuelles et auditives qui pouvaient capter l’attention. C’est quelque chose que je connais bien. Il est difficile pour une personne qui a peu d’expérience des manifestations de savoir où porter son attention lorsque se produit une intervention policière sur une foule.
Malheureusement, il n’a pas été possible de trouver une date rapprochée pour entendre les autres témoins. Le dossier reviendra en Cour le 12 septembre 2016. Madame Cordero devra s’armer de patience et de courage d’ici là.