Une partie de cette correction s’effectue hors des heures de travail personnel conventionnées, c’est-à-dire sans que les professeurs ne touchent de salaire pour ces longues périodes passées dans les copies d’examens (parfois avec une calligraphie d’étudiants indéchiffrable…). Le gouvernement propose donc de faire passer l’horaire de travail de 32 heures à 35 heures évidemment sans augmentation de salaire alors que les heures consacrées à l’éducation et ce que cela implique: préparer les cours, corriger, organiser les voyages éducatifs et de fin d’année, décorer les classes, sans parler des congrès (lorsqu’ils peuvent y aller!) et formations, etc. frôlent ou dépassent déjà les 40 heures. L’augmentation est donc considérée comme dérisoire et insultante pour bon nombre de professeurs.
De plus, d’après la fédération des syndicats de l’enseignement:
La précarité touche en moyenne 46% des enseignantes et enseignants du Québec. Dans le secteur de la formation générale des jeunes, 38% d’entre eux sont précaires. Du côté de la formation générale des adultes (FGA) et de la formation professionnelle (FP), c’est près de 75% du personnel enseignant qui est précaire ! Et comme l’enseignement est une profession à prédominance féminine, rappelons que 71% des précaires sont des femmes.
Comment expliquer un tel taux de précarité alors qu’il se vit des pénuries d’enseignantes et d’enseignants dans certaines régions, dans certains champs et dans certaines spécialités ?
Pire, près de 20% des enseignantes et enseignants abandonnent la profession durant les cinq premières années de pratique. Une des causes démontrées de cette désertion est justement l’importante précarité vécue par le personnel enseignant. [0]
De plus, suite aux coupures dans l’éducation de 350 million de dollars, 41 million de dollars sur deux ans pour la commission scolaire de Montréal (CSDM), s’en suivra une augmentation du nombre d’élèves par classe, l’abolition de plusieurs postes, 700 élèves n’auront plus accès aux autobus jaune de la CSDM [1]. Il y a aussi la perte de 250 postes aidants les étudiants, soit les psychologues, orthophonistes, bibliothécaires, etc. à travers le Québec, faisant en sorte que tous les étudiants, surtout les plus en difficulté, seront touchés par les coupures. [2].
« C’est une coupe à blanc historique, qui représente 10 % des effectifs »— Michel Mayrand, président du SPPMEM
Parmi les moyens de protestations, plusieurs professeurs du primaire, des cégep et des universités se réunissent en publique pour corriger à la vue des passants afin d’attirer l’attention sur les enjeux liés à l’éducation [3].
Les coupures en éducation et les réformes de tous genres ne touchent pas uniquement le Québec. En effet, au Brésil, une centaine de professeurs et de supporteurs à la cause ont étés blessés durant une manifestation le mercredi 29 avril 2015 devant le parlement de l’état de Parana [3]. En France, les professeurs de philosophie se mobilisent pour protéger leur discipline face aux réformes mises en place sous le gouvernement de Sarkosy [4] et il y a eu des manifestations contre les pénuries budgétaires à l’université [5]. En Italie, les professeurs font la grève contre les réformes [6].