Cette déclaration commune est endossée par le Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC-CSN), le Syndicat des techniciens et artisans du réseau français (STARF-SCFP Local 5757), le SCFP Local 675 et l’Association des réalisateurs (AR).
Depuis 2009, avec l’appui de son conseil d’administration, la haute direction de CBC/Radio-Canada a mis en œuvre des compressions budgétaires totalisant plus d’un demi-milliard de dollars, ce qui se traduit par la suppression de plus de 4000 postes.
L’entreprise de destruction massive qui démolit lentement mais sûrement le seul diffuseur public présent dans tout le pays se réalise sans mandat et surtout, sans débat public.
Les dernières coupures annoncées la semaine dernière touchent une dizaine de postes à Moncton et d’autres aux archives qui rassemblent la mémoire de la Société. Elles ont également pour effet de démembrer le plus grand costumier en Amérique du nord, un des services de très grande qualité reconnu dans le domaine télévisuel et cinématographique. Ces décisions menacent la culture des francophones au Nouveau-Brunswick et minent la qualité des sources historiques qui nourrissent la production de l’information à CBC/Radio-Canada. Elles mettent en péril toute la production réalisée à l’interne, en plus de priver tous les producteurs externes du contenu et des accessoires nécessaires à leur travail.
Pourtant, les mandats qui sont confiés autant à la haute direction qu’au CA de CBC/Radio-Canada consistent à veiller au bon fonctionnement, au développement et à la préservation d’un service public essentiel appartenant à la collectivité. L’entreprise de destruction massive qui démolit lentement mais sûrement le seul diffuseur public présent dans tout le pays se réalise sans mandat et surtout, sans débat public.
Nous savons que la population canadienne est attachée à cet outil indispensable en démocratie qui contribue à la richesse culturelle de centaines de communautés, qui nous renseigne, nous éclaire et nous divertit. En ce sens, nous invitons toute la population à manifester son appui à la revendication formulée par les quatre organisations syndicales.
À Sherbrooke, la semaine dernière, j’assistais à une table ronde dont le sujet était L’AVENIR DES MÉDIAS à laquelle participait, entre autres, Normand Baillargeon. Cette rencontre m’a incité à rédiger la lettre suivante adressée à LA TRIBUNE et au DEVOIR mais qui est demeurée lettre morte. Je me permets de vous la transmettre après avoir pris connaissance du présent article à propos de Radio-Canada.
RADIO-CANADA: couper pour mieux instrumentaliser, point à la ligne.
Malgré des réserves financières colossales et bien qu’il se situe aux derniers rangs des pays «développés » quant à son soutien financier à la radiodiffusion d’État – soit l’équivalent de 29 $ par citoyen en 2015 comparativement à 163 $ en Norvège -le gouvernement canadien s’acharne à mentir en criant haut et fort que la radio et la télévision d’état coûtent trop cher pour mieux justifier les coupures draconiennes qu’il impose à la société radio-canadienne, année après année. Et si les uns, aux prises avec de réels problèmes économiques, crédules, restent impassibles jugeant que le gouvernement fait preuve de bon sens en coupant ainsi les vivres à cette même société, les autres viennent appuyer les décisions d’un certain Harper et all (sic) en étayant des thèses reliées à l’apparition du numérique, à la diversité des différents supports (tablette, téléphone intelligent, iPod, iPad, etc.), à la multiplicité des médias ou au contraire à leur centralisation, à l’individualisme et quoi encore pour expliquer la désertion des auditeurs des antennes radio-canadiennes. Si le public, qu’il appartienne à la tranche des 18-35 ans ou des aînés, se détourne des ondes radio-canadiennes c’est que plus rien ne distingue celles-ci des médias concurrents : oublions la forme, c’est le contenu qui fait défaut.
Durant les soixante-huit premières années de son existence, Radio-Canada a offert une programmation, des contenus, que nul autre média ne savait dispenser. Indépendamment de sa classe économique, sociale, culturelle, tout individu avait accès, sans frais et en tout temps, à une source d’information et de culture unique. Depuis les dix dernières années, les assassins que furent tour à tour les Leblanc, Lafrance et autres haut dirigeants de la Société d’État ont chacun justifié leurs crimes envers cette institution en alléguant que la programmation était trop élitiste et que celle-ci devait, par souci de démocratie, s’adresser à monsieur et à madame tout le monde. Que de mépris envers ce monsieur et madame tout le monde qui désormais n’a plus accès à la réflexion, aux débats, à ces émissions qui permettaient de découvrir la poésie, le théâtre, les grandes œuvres littéraires, la musique, ses compositeurs, le contexte historique de leurs créations, etc. Résultat, les monsieur et madame tout le monde sont stratégiquement privés d’une source d’éducation indispensable, laissés à eux-mêmes, ne pouvant débourser 60 $ pour aller au concert alors que l’élite, généralement mieux nantie, consomme à gros prix les « produits culturels » et se tourne vers CBC, France culture et TV5!
Beau gâchis!
De grâce, cessons de discourir. Il n’y a qu’un coupable : le gouvernement canadien. Il n’a qu’une seule intention : aliéner la population pour mieux la contrôler idéologiquement. La dictature ne s’exerce pas uniquement à coups de baïonnettes.
Jean-Pierre Harel
citoyen
J’avais omis de copier le titre de ma lettre d’opinion, soit:
RADIO-CANADA: couper pour mieux instrumentaliser, point à la ligne.
Je crois que l’on se doit de conserver Radio-Canada et nos valeurs fondamentales