Cela fait maintenant plus d’un mois que le gouvernement Piñera est accusé, entre autre par le peuple chilien, par Amnesty International, par le Human Rights Watch et par plusieurs médias internationaux, de violation des droits humains contre son peuple dû aux abus perpétrés par les Carabineros de Chile. Malgré cette atteinte incontestable aux “valeurs démocratiques” et la couverture médiatique mondiale que la crise a connue, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et son gouvernement libéral se sont abstenus de toute dénonciation publique.
Le gouvernement libéral fédéral vient de créer un ministère dédié spécifiquement à “la prospérité de la classe moyenne”. Il y a urgence de situer la création d’un tel ministère qui valorise la croissance économique de la classe moyenne plutôt que le soutien de la classe ouvrière dans le contexte révolutionnaire anti-néolibéral entamé par le peuple chilien. Le 18 octobre 2019, en réponse à une hausse de tarif du métro de Santiago, à l’augmentation du coût de la vie et à la privatisation des services publiques, les classes ouvrière et étudiante chiliennes se sont unies pour manifester contre ces politiques néolibérales imposées par le gouvernement de Sebastián Piñera. Une répression d’une violence extrême, qualifiée par plusieurs médias internationaux d’une “atteinte aux droits humains du peuple chilien”, sévit depuis au Chili.
Il faut remonter 46 ans en arrière pour saisir la signification du silence du gouvernement Trudeau en ce temps de révolte anti-néolibérale. En 1973 au moment du coup d’état au Chili, c’était le gouvernement libéral de son père, Pierre Elliott Trudeau, qui était au pouvoir au Canada. Trois ans plus tôt, en octobre 1970, Pierre Elliott Trudeau imposait la loi des mesures de guerres au Canada et envoyait l’armée canadienne dans les rues du Québec dans le but de contenir le mouvement révolutionnaire souverainiste francophone qui menaçait le status quo libéral anglophone. La position du gouvernement Trudeau de l’époque vis à vis la gestion d’un conflit politique opposant l’idéologie libéral à un mouvement de révolte populaire était claire: c’est par la répression armée qu’un telle opposition sera contenue.
La destitution du gouvernement socialiste du président Salvador Allende et l’imposition de la dictature néolibérale de Augusto Pinochet commandée par le président américain Richard Nixon a permis au gouvernement Trudeau de l’époque de capitaliser sur un régime totalitaire, tout en préservant l’image d’un Canada démocratique et progressiste. 46 ans plus tard, c’est au tour de son fils Justin Trudeau de capitaliser sur la dictature néolibérale du gouvernement Piñera en maintenant leurs accords économiques et en restant silencieux devant les violences subies par le peuple chilien. Si le premier ministre du Canada s’est abstenu de tout commentaire concernant les violations des droits humains faites par l’état chilien envers son peuple depuis le début de la crise, c’est parce que son gouvernement soutient la répression d’un tel mouvement révolutionnaire de peur qu’il se propage au Canada.
La création d’un ministère de la prospérité de la classe moyenne au Canada dans ce contexte de contestation du système néolibéral est une prise de position claire du gouvernement libéral fédéral: il est plus important d’assurer la croissance économique de la classe moyenne canadienne que de défendre les droits humains du peuple chilien.