Vers un Plan Mort pour les arts et la culture ?

Grand Dérangement de Longueuil - Zone de destruction Libérale
Grand Dérangement de Longueuil - Zone de destruction Libérale

À l’instar du Mouvement pour les arts et les lettres, nous savons que cette coupe historique touchera de plein fouet le soutien à la création, à la production et à la diffusion pour l’ensemble des disciplines artistiques. Cette réduction dans les programmes, annoncée inopinément plusieurs mois après le dernier budget, affectera autant les artistes et les travailleurs culturels que les organismes de services et les regroupements nationaux qui les soutiennent, leur offrent des services et un indispensable espace de vie démocratique.

Ces coupes, comme tant d’autres survenues au cours de la dernière année, s’inscrivent dans un vaste plan d’austérité économique, d’appauvrissement collectif et d’attaque au tissu social québécois que mène avec entêtement le gouvernement Couillard. Les artistes et travailleurs culturels s’en trouveront appauvris, alors qu’ils exercent déjà leur travail dans des conditions précaires. Une récente étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain démontrait que les artistes touchent un revenu annuel moyen de 23 500 $, soit la moitié du revenu moyen pour l’ensemble des industries.

Nous déplorons également le discours fallacieux qui tente de maquiller cette coupe de 2,5 M$ en faisant valoir l’augmentation des crédits alloués au CALQ dans le dernier budget du gouvernement adopté en avril 2015. Il est vrai que le budget du CALQ est alors passé de 95 M$ à 106 M$. Cette croissance est, d’une part, attribuable à un déplacement de fonds suite à l’ajout de la responsabilité du financement de l’Orchestre symphonique de Montréal et, d’autre part, aux crédits annoncés dans le cadre de la nouvelle stratégie culturelle numérique. Il ne s’agit donc pas de crédits additionnels pour les programmes de base dont la plupart ont un financement stagnant depuis près de dix ans.

Selon les informations transmises par la direction du CALQ, cette coupure se répartit principalement de quatre manières :

– La suspension de la Mesure d’aide à la coproduction en arts de la scène et en arts multidisciplinaires, qui entraîne une coupe de 700 000 $, prive les compagnies artistiques et la société québécoise d’importants investissements de producteurs étrangers. Le gouvernement choisit ainsi délibérément de se priver de revenus et des répercussions positives des succès artistiques à l’étranger. C’est pourtant ce même gouvernement qui dit être à la recherche de nouveaux revenus et qui se targue aux quatre coins du monde d’avoir à cœur le rayonnement du Québec à l’international.

– Une seconde coupe de 700 000 $ découle de l’attrition naturelle du soutien au fonctionnement des organismes. Nous jugeons cependant inacceptable que cette somme ne soit pas redistribuée aux compagnies intermédiaires et de la relève, alors qu’elles ont difficilement accès au financement public.

– Plus d’un demi-million sera également amputé dans le soutien aux organismes de services et aux regroupements nationaux. Le gouvernement justifie cette coupe par la nécessité d’un resserrement sur le plan administratif; ni plus ni moins ici qu’une absurdité dépassant l’entendement puisque ces petits organismes reposent sur une poignée de travailleurs et qu’ils doivent impérativement compter sur la contribution bénévole de nombreux artistes et travailleurs culturels pour accomplir leur tâche. Ces organismes soutiennent la production artistique, offrent des services irremplaçables aux artistes et constituent un espace démocratique nécessaire à la vie artistique et associative.

– Un autre demi-million sera ponctionné dans les différents programmes dont bénéficient les artistes.
Ces coupures frappent de plein fouet le soutien aux artistes professionnels. Elles s’ajoutent à d’autres coupes tout aussi pernicieuses à la grandeur du territoire : les coupes budgétaires dans les Conseils régionaux de la culture, l’abolition de la Conférence régionale des élus, l’affaiblissement des Centres locaux de développement, tous des organismes qui soutiennent les arts et la culture à l’échelle du Québec. À cela s’ajoute l’abolition de plusieurs postes de délégués culturels dans les missions du Québec à l’étranger, ressources incontournables favorisant le développement de marché et le rayonnement de la culture québécoise à l’international. Tout ceci au sein d’un milieu qui, rappelons-le, vit dans un climat d’austérité qui perdure depuis le tournant du millénaire, alors les budgets alloués stagnent. Ces coupures auront des effets dévastateurs dans un ministère dont le budget est pourtant inférieur à 1 % de celui de l’État.

Monsieur le Premier Ministre et Madame la Ministre, nous vous demandons de rétablir les sommes coupées afin que les actions de votre gouvernement soient le juste reflet de la fierté qui vous anime lors de vos prises de parole au Québec et à l’étranger.

À propos du Conseil québécois du théâtre
Le Conseil québécois du théâtre (CQT) est un regroupement national dont la mission est de fédérer, défendre et promouvoir le théâtre professionnel québécois. Il se veut une force politique et un levier de développement au service de l’art théâtral au Québec. Engagé auprès de ses membres et mobilisé par la vitalité de son milieu, le CQT se positionne à l’avant-scène des besoins de sa communauté et de la défense de ses intérêts.

 

source : http://www.cqt.ca/accueil/actualites/1035

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